Naï Naï : je voudrais manger à la cantine !

 

Oubliez tout ce que vous savez des restaurants chinois en France. Du petit restaurant au décor suranné et surchargé de tableaux laqués inondant les murs de dragons et de guerriers, aux lanternes fanées et aux raviers de porcelaine faussement traditionnelles chargés de sauce, noyant d'improbables mijotés au milieu d'un riz cantonnais collant,  ces buffets impersonnels dégueulant de promesses à volonté, où la crevette insipide et le soja en folie finissent par cotoyer dans une assiette de taille ridicule le litchi de conserve et le nougat élastique... aujourd'hui je vous emmène en Chine, la vraie, celle des des grands-mères qui cuisinent avec amour des recettes familiales servies sur un coin de table. C'est d'ailleurs l'origine de Naï-Naï : mamie en mandarin !

Et en même temps c'est tellement plus que ça. Un lieu unique à Bordeaux, à la déco faussement modeste, remplie de couleurs et de bonheur. Quelques tables en formica rouge -le fil conducteur de l'établissement, qu'on retrouve jusque dans les toilettes dont la visite, proprement stupéfiante, est incontournable. De petits sièges rappelant ceux qu'on croise au bord des gargotes de rue en Asie, des timbales en fer émaillé, quelques affiches de réclames originales, une cuisine comptoir entièrement ouverte sur la salle, et ce quelque chose dans l'air, un joyeux brouhaha, les mines réjouies de gourmandise des clients qui font la queue sur le trottoir midi et soir du lundi au dimanche (c'est si rare) pour espérer trouver une place. Parce que depuis son ouverture il y a un an et demi, l'adresse ne désemplit pas, qui se partage de bouche à oreille.