Cadiot-Badie et la chocolaterie

Ç'aurait pu être le titre d'un roman pour enfants sous la plume d'un Roal Dahl* perdu dans les allées bordelaises du siècle romantique qui vit naître cette belle maison. 
Plafonds peints et murs pâles élégamment stuqués, comptoirs de marbre blanc, miroirs reflétant à l'infini, bien plus que la loutre des bonbons de chocolat ou l'or des ballotins, le parfum prodigieux flottant dans l'air, mélange subtil de pralin et de cacao.
L'enchantement commence dès la porte poussée au tintement cristallin. 
Qui me ramène loin en arrière, à ce temps où enfant, j'allais avec ma grand-mère à Saint-Germain chercher ces bouchées comme on entre en religion. Chez les soeurs justement, petites dames tout habillées de bleu, joues roses et regard malicieux. C'était un moment rare car nos moyens ne permettaient cet achat qu'une fois l'an. 
Et une fois le paquet ouvert, le jour de Noël, jamais avant, les chocolats, tous noirs et pralinés (les truffes n'avaient pas notre faveur et les ganaches n'étaient pas encore à la mode) faisaient l'objet d'un  strict rituel que célébrait mon père devant toute la famille penchée au-dessus de lui, retenant son souffle, à l'issue du déjeuner. Après avoir choisi un bonbon dans la boîte il le coupait méthodiquement en quatre et distribuait à chacun les morceaux en une eucharistie à la ferveur sans équivalent. Je ne pouvais d'ailleurs m'empêcher, le dimanche, de faire avec l'hostie une comparaison peu flatteuse pour le corps du Christ.
J'ai appris à cette occasion la valeur du goût et la sobriété heureuse. Et aussi que l'ambassadeur** et ses soirées auraient beau faire, la chocolaterie restera à jamais un art que peu maîtrisent. 
Serge Michaud est de ceux-là, dépositaire du poids de l'histoire de la maison Cadiot-Badie et de son savoir-faire unique depuis 1826. Et les clients qui se bousculent sont sa juste récompense.
 Je vous parlerais à l'infini de ces pralinés dont Cadiot-Badie s'est fait une spécialité. Il en propose une vingtaine, rochers ou palets, tant noirs qu'au lait, cuits à l'ancienne ou maison, aux noisettes du Piémont ou aux amandes grillées, feuilletés, nougatine, au café et même à la cannelle !
Les ganaches ne sont pas en reste, aux parfums surprenants, whisky tourbé, violette, gingembre, pamplemousse, cassis, poivre de Sichuan, caramel, figue ou jasmin...comme autant d'invitations au voyage. 
Les fidèles plébiscitent aussi les guinettes ou les fameux diamants noirs, spécialité de la maison -des truffes à la fine de Bordeaux garnies de raisins macérés et enrobées de chocolat noir et de sucre. 
Marrons glacés d'exception, fruits confits, mais aussi, pour se régaler tous les jours de l'année, des tablettes grands crus déclinées en noir ou lait, certaines aux épices, des morceaux chocolat nougat dur aux noisettes et amandes que s'arrachent les Bordelais, et des guimauves parfumées qui font le bonheur des enfants.
Le ravissement est aussi celui des yeux avec des sujets drôles et originaux, et des oeufs à couver du regard aux fêtes de Pâques.
Outre la boutique des allées de Tourny on retrouve aujourd'hui les chocolats Cadiot-Badie à l'atelier de Pessac et à Gradignan. Nul doute que vous y croiserez Charlie !

Maison Cadiot-Badie 
26, Allées de Tourny 33000 Bordeaux
+33(0)556442422
bordeaux@cadiotbadie.fr

Rue Eugène Chevreul - Parc Magellan 33600 Pessac
+33(0)556362415
pessac@cadiotbadie.fr

181 cours du Général de Gaulle 33170 Gradignan
+33(0)557953100
gradignan@cadiotbadie.fr

* Roal Dahl est l'auteur, entre autres, de Charlie et la chocolaterie 
** Allusion à une publicité des années 2000 qui évoquait à propos d'une marque de chocolats de grande distribution "les soirées de l'ambassadeur".