Civet de chevreuil, purée de persil tubéreux, condiment persil

Civet de chevreuil, purée de persil tubéreux, condiment persil.
Il y a dans le gibier quelque chose qui m'a toujours prise aux tripes. Un je ne sais quoi venu du fond des âges. Peut-être une réminiscence du chasseur que nous sommes toujours au fond de nous, tant ce marqueur est inscrit dans notre ADN -n'en déplaise aux masticateurs de graines et autre chou kale à la peau dure. 
L'odeur d'abord. Puissante, sombre, animale. Relents sauvages, enivrants, sang et chair en décomposition. Vie et mort mêlées. 
Et soudain le passé afflue. Les bêtes abandonnées aux crochets de la vitrine, le poil rêche des biches, le crin des sangliers. La fourrure douce refermée sur les plombs... et puis les plumes qui m'appellent, chatoyantes au soleil de novembre. Déclinaisons de bleus, de verts et de beiges tachetés d'ivoire. Rouge opulent écho au sang noir qui s'égoutte, figeant le temps. Mon père rentrant le soir dans un sillage de chasse -mélange insaisissable de terre humide, de feuilles mortes et de musc- déposant sur la table une poignée de duvet diapré. Je m'empressais de le ranger dans la petite boîte en fer abritant les trésors dérisoires de l'enfance. De temps en temps je l'ouvrirais, laissant mes doigts plonger dans le froufrou des aigrettes, inspirant le parfum disparu.
Plus tard il y aurait les bois, les perdrix plumées dans le petit matin, le garenne accroché à la pergola, déshabillé d'un mouvement sec et ample dans le petit matin brumeux. La cuisine ennuagée de plumes. Et à la fin les effluves lourds des tripes encore fumantes.

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