Y a du soleil et de l'ananas, darla dirladada


Ananas rôti au poivre de la Jamaïque, smoothie banane coco, chantilly coco, estragon

Février n'est pas le mois de la framboise, encore moins celui de la fraise. Pour autant, sortie des pommes et des poires, la saison est avare sous nos latitudes. Il y a bien sûr les agrumes, encore trop rarement français. Et puis ces fruits exotiques qu'on trouve toute l'année, mais dont la saison, historiquement, quand culture rimait encore avec raison, était l'hiver. La banane et l'ananas sont de ceux-là, et de chez nous s'il vous plaît, même si c'est d'un ailleurs outre-mer.
Pour le soleil, c'est selon, même si ce mois, cette année, prend des allures de presque été, mais dans l'assiette il est au rendez-vous avec un dessert d'une grande simplicité qui fait la part belle au goût, et s'offre le luxe d'un accord étonnant avec une herbe pas tout à fait de saison, belle anisée réveillée du givre où elle était figée dans l'éternel été du congélateur. Alors, bienvenue à Galaswinda ?

Avant tout, parlons ananas. J'ai dit A-NA-NAS, pas ces choses vertes affublées du doux nom de Sweet, au volume indécent, en provenance du Costa Rica où elles sont cultivées dans des conditions innommables au regard des droits de l'homme, et qu'on pique ou vaporise à l'acétylène (plus exactement à l'éthéphon, un de ses dérivés) afin qu'ils aient l'air mûr, ce qui permet de baisser les coûts de production, d'éviter les problèmes de pertes dues au mûrissement durant le transport et en raison dans les magasins. Vous savez, ceux dont l'animatrice vous assure avec un grand sourire qu'ils sont tous mûrs alors que vous essayez de tirer en vain sur les feuilles du milieu. Ceux-là même au rapport qualité-prix apparemment imbattable, quand on oublie la qualité. Durs et fibreux à l'intérieur, acides et peu parfumés. Une pure création Del Monte, bon sang, mais c'est bien sûr !!!
L'ananas, s'il faut n'en manger qu'un, c'est un Victoria au goût inimitable, en provenance de la Réunion, à la jolie couleur dorée et à l'étiquette labellisée. Quoi ? Ce petit machin deux à trois fois plus cher que l'autre ? Oui, ce petit machin comme vous dites. Vous faites un concours à qui en mangera le plus ? Vous rechignez au prix, voyant s'éloigner la perspective des pots de Nutella et des biscuits tout prêts, suremballés et remplis d'huile de palme hydrogénée, parce que forcément il va falloir choisir ? 
Comme le dit si bien un duo comique un peu démodé : c'est vous qui voyez !

Ananas Victoria vs. Sweet


Ingrédients (pour 4 personnes) :
2 ananas Victoria mûrs (en général ils le sont car cueillis à maturité, pour s'en assurer, tirer une feuille au centre, elle doit venir toute seule)
2 bananes bien mûres (de Martinique ou de Guadeloupe, tant qu'à faire)
1 grosse boîte de crème de coco
1 citron vert
1 poignée d'estragon (des feuilles surgelées feront parfaitement l'affaire)
QS sucre, sucre de canne, poivre de la Jamaïque, beurre

Préparation : 
Mettre la cuve, le fouet du robot et la boîte de crème de coco au congélateur vingt minutes avant.
Quand tout est bien froid, fouetter à vitesse maximum jusqu'à obtenir une crème montée (la crème de coco étant moins grasse que la crème fleurette il faut fouetter plus longtemps et l'on n'obtiendra pas tout à fait une vraie Chantilly), ajouter un peu de sucre et continuer à fouetter. Réserver au frais l'appareil obtenu.
Éplucher les ananas en retirant bien les yeux (points noirs durs en surface), retirer la partie centrale fibreuse, les couper en morceaux. Les déposer dans une poêle inox ou anti-adhésive avec une noix de beurre et de la cassonade, cuire à feu moyen jusqu'à ce que les morceaux soient bien dorés, saupoudrer de poivre de la Jamaïque moulu.
Éplucher les bananes et les mixer avec un peu de jus de citron vert et un tiers de la chantilly de coco jusqu'à obtenir une texture de smoothie.


Dressage : 
Verser un peu de smoothie au fond d'une coupelle large, ajouter les morceaux d'ananas rôti, parsemer d'estragon, terminer avec une grosse cuillère de chantilly coco.

NB : quelques éclats de meringue ou une tuile apporteront un peu de croquant à l'ensemble, mais je n'en avais pas.