En vert et rose, j'afficherai mon coeur... carpaccio de radis rose et vert, huile de langoustines
En rose et vert, j'afficherai mon cœur
En échange d'une trêve de douceur...*
Du rouge et du rose jusqu'à l’écœurement, une "lover dose" de couleur suspecte tant elle est hors saison -sauf celle du boutiquier prêt à tout, y compris à vendre les charmes de ses clientes dans des lingeries au goût pour le moins douteux, sur des bouteilles de champagne à l'effigie d'une travailleuse du film** quand il ne s'agit pas de mousseux tiède à l'étiquette fraîchement ripolinée de fushia. Je passe sur le pendant masculin incarné par des tee-shirts à l'effigie d'Homer Simpson, sur le ventre en tenue d'Adam, avec pour slogan : I love you more than beer. L'occasion aussi de refourguer les invendus de 50 nuances de beurk et des menottes en plumes de cygne -mais que fait la police !
Revenons à des considérations plus cul-inaires en ce jour qui célèbre la décapitation de Valentin de Terni. Je vous ai gâché la journée ? J'ai dégonflé le ballon rouge ? Je me rattrape... un peu. La Saint-Valentin n'est que le dernier avatar*** commercial d'une fête anglo-saxonne des amoureux associée au jour où l'on pensait que les oiseaux s'appariaient. Et quand je vois de ma fenêtre Mesdames les pies s'activer patiemment à leur nid avec la technique de l'architecte, l'habileté de l'acrobate et l'opiniâtreté de l'espèce, indifférentes aux aléas de toutes natures, certaines du cycle de la vie, je veux croire que Valentin n'est pas mort pour rien.
N'empêche, pour la couleur, on repassera. Et pour la saison aussi. N'en déplaise à un paquet de menus qui font la part belle à la framboise hivernale, aux baies rouges en tous genres venues de pays lointains, et aux petits pois, concombres et autres joyeuses farandoles de légumes virides -j'ai dit viride, pas de mauvais esprit, je vous vois...
Février, c'est le mois du panais, de la carotte, de l'oignon, de la courge, du chou, de l'endive. Je vous concède le poireau, la betterave et le chou rouge. Mais, comme par hasard, ceux-là on ne va pas beaucoup les voir sur les cartes dispendieuses du jour béni. Tout simplement parce qu'ils ne font pas rêver. Et qu'avant tout la Saint-Machin c'est du rêve. Celui de l'amour, du soleil, des vacances, de l'été encore si loin, du printemps qui n'arrive pas vite. Et c'est si bon de rêver. C'est la soupape de l'âme, la baguette magique qui transforme la citrouille en carrosse.
Alors rêvons un peu. Rêvons en rose et vert avec une recette toute simple...
Carpaccio de radis noir, red et green meat, huile de langoustine, poivre de
timut, zeste de citron
Ingrédients (pour 2 personnes) :
1 radis noir
1 radis red meat
1 radis green meat
1 citron jaune non traité
QS huile de langoustine (et la recette qui va avec), poivre Timut, fleur de sel
Préparation :
Peler les radis, les trancher très très finement à la mandoline.
Dressage :
Dans une assiette plate, disposer en large corolle les tranches de radis red meat, puis, par-dessus, celles de radis green meat, en enfin les tranches de radis noir. Verser goutte à goutte l'huile de langoustines. Parsemer de poivre Timut pour le côté agrumes, de fleur de sel, et de zeste de citron.
Et puis c'est tout. Et c'est si bon, si bon, Ces petites sensations, ça vaut mieux qu'un million, tellement, tellement c'est bon.****
Pour faire une bonne huile de langoustines (la recette peut se réaliser avec des carapaces de homard, ou de crevettes...), après les avoir décortiquées récupérer les carapaces et les têtes de vos langoustines en retirant les yeux, sources d'amertume. Les piler au mortier et les déposer sur une plaque au four à 90° pendant 3/4 d'heure pour bien les dessécher. Elles doivent se casser comme du verre.
Les arroser d'huile (pépins de raisin ou olive) et les laisser infuser deux à trois heures toujours à 90°. Au bout de ce temps, filtrer finement. Vous obtiendrez une huile orangée, très parfumée, que vous pouvez conserver au frais plusieurs mois.
* Clin d'oeil à Jeanne Mas, en Rouge et Noir
** Cuvée Clara Morgan d'une marque de champagne dont je tairai le nom
*** La Saint-Valentin n'est tout de même pas une date au hasard. C'est l'héritière des Lupercales, une fête rituelle de purification, qui célébrait le cycle de la vie et le passage de l'hiver au printemps, de la mort à la résurrection.
**** C'est si bon !