Roman Kolinka, l’esprit de famille


Il est jeune, il est beau, il porte le nom du batteur d’un groupe mythique, il a pourtant résisté aux sirènes de la musique pour suivre les traces de sa mère Marie et de son grand-père Jean-Louis Trintignant. Mais comme tout n’est pas si simple chez ce saltimbanque dont l’enfance fut bercée d’Uzès, à deux pas du pont du Gard, Roman l’acteur s’est fait restaurateur dans un lieu plein de vie et de convivialité où le maître mot est l’esprit de famille. Rencontre avec un trentenaire au sourire discret et à la cool attitude.

Roman acteur, Roman restaurateur. Que faut-il dire ?
Restauracteur, pour reprendre la définition de François-Régis Gaudry, même si je me sens plus acteur. C’est mon envie première. Le restaurant est venu après, comme une autre passion.
Jouer vous est-il venu naturellement ? 
Oui, depuis l’enfance. Dès le départ ça m’a beaucoup plu.
Pensez-vous à votre grand-père ou à votre mère quand vous interprétez un rôle ?
Non. En fait je pense tout le temps à eux, pas qu’en jouant. Mais à ces moments-là je les sors de ma tête.
Quel regard Jean-Louis Trintignant porte-t-il sur Roman l’acteur ?
Il est patriarcal, attentionné. C’est un véritable soutien affectif, toujours présent sans pour autant donner de conseils. Est-il fier ? Je l’espère.
De quel rôle, dans quel film, avec quel réalisateur et quel acteur à vos côtés rêveriez-vous pour un futur film ?
Un rôle plus léger, un changement de registre. Mon rêve, Klapisch, Honoré, Audiard. Et Depardieu pour la légende.
Avez-vous envisagé de faire de la réalisation ?
Pas pour l’instant. Il faut déjà que je m’accomplisse en tant qu’acteur.
Pourriez-vous reprendre le rôle de Jean-Louis Trintignant dans un remake d’Un Homme Une Femme ?
Non, surtout pas. Les mythes doivent rester où ils sont.
La musique ne vous a pas tenté, avec un père batteur du groupe Téléphone ?
Pas du tout. Mais il n’est jamais trop tard. Le seul instrument dont j’aie jamais joué était une flûte à bec à l’école. Vous voyez ce que je veux dire… (rires)
Pourquoi ce restaurant ? Ou ce bar à vins ? Comment dit-on d’ailleurs ? 
Ni l’un ni l’autre. La Famille, c’est un lieu de convivialité. L’endroit qu’on aurait aimé trouver ailleurs, Yoko (sa compagne, NDLR) et moi. Un lieu agréable, vivant, plein de gens, avec une clientèle changeante, à la fois des habitués, des amis, et des gens de passage, des touristes.
Votre grand-père a créé Rouge Garance avec les Cortellini, leurs cuvées sont à votre carte.
Que représente le vin pour vous ?
Je suis amateur de vin. Je le dois à Jean-Louis, qui m’a transmis cet amour. Il est très professionnel vous savez, jusqu’aux assemblages. Ce n’est pas juste un nom sur une étiquette. Il a la passion de la terre, de la vigne et de l’olive.
Et la cuisine ? La carte de La Famille est à l’image du lieu, elle invite au voyage....
Nous aimons beaucoup la gastronomie thaïlandaise, on ne peut pas passer à côté sur la carte.
Un plat fétiche ? 
Une des signatures de l’été, la burrata. Une excellente burrata servie avec des tomates anciennes et un filet d’huile d’olive. La simplicité de grands produits. Et peut-être une bonne viande, une bavette, avec du goût et de la mâche.
Un vin fétiche ? J’imagine déjà la réponse.
Garance évidemment. En rouge.
La Famille pourrait-elle s’agrandir avec un autre restaurant sur le même concept ?
Nous y pensons de temps en temps. Nous l’avions envisagé à Paris, mais il y a déjà tant de lieux et de talents que ce serait compliqué. Il faudrait une grande ville, où nous ayons des repères. Aix ou Marseille peut-être.
Uzès ou Paris, où vous êtes souvent ?
Uzès c’est la passion et l’équilibre. Paris, le travail.
Et s’il fallait choisir un jour ?
(Temps de réflexion) Le cinéma. Parce que je ne suis pas chef, et qu’au fond je suis un artiste.
La vie est belle ?
Oui, très belle !

La Famille


Pari réussi pour Yoko et Roman Kolinka, qui ont transformé  avec goût l’ancienne boulangerie uzétienne dont seule la trace de  l’enseigne peinte sur les vieux murs.
Ardoises, papier kraft, suspensions indus, tables bistro disposées nonchalamment sous les arcades, verrière rétro ouverte sur la cuisine...  Il semble que l'endroit ait toujours été là.
Peut-être parce qu'on s'y sent bien, qu'on a plaisir à s'y retrouver entre amis, au milieu des rires et des conversations, gratifiant ses voisins d'un regard complice -de l'air entendu de ceux qui savent. Et surtout parce que La Famille est un lieu comme on les aime, sans chichi.
De la cuisine atelier sortent des assiettes toutes simples, servies sur un journal ou dans des céramiques anciennes dépareillées et délicieusement kitsch, qui donnent à l'ensemble un petit air de famille. Produits frais et de saison, sélectionnés chez de petits producteurs. Desserts faits maison qui ramènent à l'enfance. Aux classiques planches de charcuterie de tradition finement tranchée, sardines à l'huile d'exception ou frites prodigieuses, qui ravissent l'oeil et les papilles, s'ajoute une carte ensoleillée qui voyage aux quatre coins du monde.
Entre petites et grandes assiettes la carte est courte, ce qui est bon signe, et les prix doux. La cave réserve quelques belles surprises et les ardoises proposent quelques références au verre. Bref, on y va, on y court même, pour l'esprit du lieu, les valeurs sûres de la carte, l'excellent rapport qualité prix, et surtout parce que chez Yoko et Roman on a l'esprit de Famille !
9 place aux Herbes 30700 Uzès
09 72 83 90 76
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