Naï Naï : je voudrais manger à la cantine !
Oubliez tout ce que vous savez des restaurants chinois en France. Du petit restaurant au décor suranné et surchargé de tableaux laqués inondant les murs de dragons et de guerriers, aux lanternes fanées et aux raviers de porcelaine faussement traditionnelles chargés de sauce, noyant d'improbables mijotés au milieu d'un riz cantonnais collant, ces buffets impersonnels dégueulant de promesses à volonté, où la crevette insipide et le soja en folie finissent par cotoyer dans une assiette de taille ridicule le litchi de conserve et le nougat élastique... aujourd'hui je vous emmène en Chine, la vraie, celle des des grands-mères qui cuisinent avec amour des recettes familiales servies sur un coin de table. C'est d'ailleurs l'origine de Naï-Naï : mamie en mandarin !
Et en même temps c'est tellement plus que ça. Un lieu unique à Bordeaux, à la déco faussement modeste, remplie de couleurs et de bonheur. Quelques tables en formica rouge -le fil conducteur de l'établissement, qu'on retrouve jusque dans les toilettes dont la visite, proprement stupéfiante, est incontournable. De petits sièges rappelant ceux qu'on croise au bord des gargotes de rue en Asie, des timbales en fer émaillé, quelques affiches de réclames originales, une cuisine comptoir entièrement ouverte sur la salle, et ce quelque chose dans l'air, un joyeux brouhaha, les mines réjouies de gourmandise des clients qui font la queue sur le trottoir midi et soir du lundi au dimanche (c'est si rare) pour espérer trouver une place. Parce que depuis son ouverture il y a un an et demi, l'adresse ne désemplit pas, qui se partage de bouche à oreille.
Mais quel est donc le secret de Naï Naï ? Sa cuisine bien sûr, simple, familiale, mais diablement bien exécutée. Une carte courte, faite de plats à partager ou à manger en égoïste, servis dans des paniers vapeur ou des assiettes de cantine. Des produits sourcés (poitrine de cochon du pays basque, volaille label rouge du Périgord, boeuf de Gironde, petit maraîcher local pour les légumes, et même une farine fabriquée à Bordeaux), des parfums, des saveurs, pour une cuisine légère et de bon goût, exécutée dans le respect de la culture chinoise.
Au menu, parmi les assiettes à partager, le concombre mariné, cuisse de poulet désossées, moelleuse et fondante, dans une sauce au sésame pimentée, accompagnée de pousses de soja, des guotie à se damner (raviolis grillés au poulet et sésame), les fameuses aubergines frites et fondantes, en sauce sucrée acidulée, que je rêve de reproduire à la maison (tang cu qie zi), une assiette de petits cubes de tofu.
Les bao sont également incontournables : ces fameux pains cuits à la vapeur, fourrés d'une farce de porc, oignon et gingembre (rou bao zi), entièrement fait maison à la main, qui existent aussi en version veggie avec les légumes du moment.
Les plus gros appétits ont le choix entyre une assiette de poitrine de cochon braisée et laquée (fondante à souhait, une tuerie) avec une sauce au poivre noir, du riz parfumé et quelques légumes, une cuisse de poulet désossée, frite et panée, servie avec des nouilles et des légumes, une poitrine de boeuf mijotée dans un bouillon parfumé extraordinaire, riz blanc et daikon, ainsi qu'une assiette de pâtes froides, végétarienne, et enfin le hong shao su, mélange de carottes, pommes de terre et champignons parfumés braisés en sauce.
La crème glacée à la mangue, boule de riz gluant au sésame et cacahuètes grillées est juste parfaite pour les becs sucrés.
Côté boissons, outre l'offre classique de thés et de bières chinoises, Naï Naï propose de délicieux cocktails très originaux, à découvrir absolument.
Et le prix dans tout ça me direz-vous ? C'est aussi ce qui fait la réussite de Naï Naï : une cuisine abordable, entre 6,5 et 9 € pour les assiettes à partager, les baos à 3,5 € l'unité, 9,5 € les trois, les plats principaux entre 15 et 18 €, et les cocktails à 8,5 € pour ne citer qu'eux.
Il se murmure aussi qu'à l'occasion du Nouvel An Chinois il y aura quelques surprises à déguster. Courez vite à la cantine !
Naï Naï
23 rue du Docteur Charles Nancel 33000 Bordeaux (à deux pas de la place Gambetta, en partant vers Mériadeck)
Ouvert tous les jours (du lundi au dimanche) de 12H00 à 14H30 et de 19H00 à 22H30 sans réservation.
Vous pouvez commander également à emporter au 05 56 38 00 98.
Retrouvez toute la carte sur https://nainai.fr/
Crédit photos Naï-Naï et Eve Tavernier